Gareth Edwards

Gareth Edwards’s style

Cette bande-annonce est dantesque. Il est sans doute beaucoup trop tôt pour en juger, mais j’ai comme l’impression que le style de Gareth Edwards a de l’influence… De toute façon, ce film ne peut pas être pire que l’énorme bouse de Peter Jackson.

Qu’attendre de Rogue One ?

Comme vous devriez le savoir, trois spin-offs sont prévus autour de Star Wars. Le premier, Rogue One, réalisé par Gareth Edwards, sortira en décembre 2016, et racontera le vol des plans de l’Etoile Noir par un commando de rebelles, juste avant Un Nouvel Espoir.EG 5

Au début, quand j’ai appris le projet Rogue One, j’étais pour le moins dubitatif. Grosso modo : qu’est-ce qu’on en a à foutre de cette histoire ? On s’en tape, non ? En tout cas, moi je m’en tape. Et j’étais encore plus dubitatif quand j’ai appris que Rogue One allait être réalisé par Gareth Edwards. Qu’allait-il foutre là ?

J’adore ce qu’a fait Gareth Edwars jusqu’ici. Monsters était un pur chef-d’œuvre, et Godzilla une réussite brillante. Pleins de gens n’ont pas aimés Godzilla, et c’est (hélas) tout à fait leur droit. Quand je serai dictateur du monde, j’interdirai de parole (et probablement de vie, tant qu’à faire) toute personne n’aimant pas Godzilla, mais pour le moment, je suis bien forcé de tolérer les goûts étranges de certains.
Seulement, il est absolument impossible de contester que Godzilla, malgré son statut d’énorme blockbuster hollywoodien, n’est pas également un film d’auteur. Déjà, la façon de filmer les monstres, à hauteur d’homme, est à ma connaissance inédite. Ne me sortez pas Cloverfield, les deux n’ont rien à voir : Cloverfield est un faux-documentaire sensé être filmé par le personnage principal, il est d’ailleurs extrêmement efficace à ce niveau là ; Godzilla est un film « classique », avec des champs – contre-champs, des mouvements de caméra, etc., mais avec un angle de caméra et une façon de filmer jamais vu à ma connaissance, ou au moins jamais vu dans un blockbuster.
Ensuite, et c’est la conséquence logique du premier point, Godzilla partage une identité cinématographique commune avec Monsters. La façon de filmer et de regarder les monstres : du gigantisme, du vu à hauteur d’homme, mais aussi et surtout de l’amour pour les monstres (ce n’est pas par hasard que dans chacun des deux films, nous voyons une scène touchante de tendresse entre deux monstres). Le regard porté sur l’armée américaine également, impuissante, dépassée, totalement inutile même. Bref, Godzilla, tout en étant un blockbuster, est également un film d’auteur.

J’ai fait un assez long détour par Gareth Edwards, mais c’est nécessaire pour que vous compreniez où je vais en venir. Donc, j’en étais au stade de me dire que Rogue One n’apportait rien de particulièrement intéressant, et que Gareth Edwards ferait mieux de se concentrer sur ses monstres plutôt que de venir perdre son temps avec Star Wars.
Et puis, en y réfléchissant, je me suis rendu compte de quelque chose. La caméra, le style, le regard de Gareth Edwards appliqué à Star Wars… Est-ce qu’il n’y a pas là de quoi avoir un putain de nouvel espoir ? (Ah ah ah ! Qu’est-ce que je suis drôle.) Le gigantisme, filmé à hauteur d’homme, dans l’univers de Star Wars : c’est à la fois jamais vu et hyper intéressant, non ?
Alors oui, il n’y aura pas de monstres dans Rogue One. (Enfin, je l’espère.) Mais vous savez ce qu’il y aura à la place ? L’Empire Galactique.EG 1
Ouais.
Rien que ça.

Vous imaginez ce que peut donner le gigantisme filmé à hauteur d’homme appliqué à l’Empire Galactique ? Vous imaginez les croiseurs interstellaires, les légions entières de stormtroopers, la puissance impériale, l’Etoile Noire elle-même, le tout filmé avec le regard de Gareth Edwards ?EG 2
Je bande rien que d’y penser.
Peut-être que je me fais des films. (Ah ah ah ! Je suis vraiment hilarant aujourd’hui !) Peut-être que Gareth Edwards va être incapable de résister à la pression des producteurs, et qu’il va perdre sa vision, diluée dans l’empire Disney.
Mais je ne le pense pas. Je ne le pense pas, parce que j’ai bien l’impression que Disney est allé chercher Gareth Edwards, donc qu’ils sont allés chercher sa patte, sa vision, sa caméra. Il serait absurde (quoi que possible, je le concède) qu’ils soient spécifiquement allés chercher un auteur pour l’empêcher de donner libre court à son art. Je suis d’autant plus confiant sur ce sujet qu’ils sont allés le chercher spécifique pour Rogue One, c’est-à-dire le film Star Wars sans Jedi mais vu depuis de simples soldats de l’Alliance Rebelle. Un film Star Wars qui ne tourne pas autour de héros comme Han Solo ou Obi-Wan Kenobi, mais autour de troufions.EG 3
Bref, ils sont allés le chercher pour s’occuper de l’histoire qui correspond le mieux à son style de cinéma.

Quand à l’intérêt de l’histoire, j’en suis un peu revenu. Je me dis que c’est l’occasion de remettre la trilogie originale au cœur de Star Wars. Surtout, il semblerait que Darth Vader, doublé par James Earl Jones, sera présent.
Autant dire que dans ces conditions, je suis enthousiaste !EG 4

Bon, tout ceci ne veut pas dire que Rogue One sera un excellent film. Je n’en sais rien, d’autant que pour le moment absolument rien n’a filtré du film. Si ça se trouve, ce sera un plantage complet et un film moyen, sans intérêt particulier.
Mais Rogue One a ce qu’il faut pour être un grand film. Mieux, Rogue One a ce qu’il faut pour apporter un éclairage nouveau et passionnant sur l’univers de Star Wars.

Avouez qu’il y a de quoi être excité à ce sujet, non ?

PS : par contre, reste une énorme inconnue. Gareth Edwards aime ses monstres, il le montre avec des scènes de tendresse entre ceux-ci. A quoi est-ce que cette tendresse va ressembler, appliqué à l’Empire Galactique ? J’en suis tout tourneboulé rien que d’y penser.

Godzilla (sans spoilers) – Gareth Edwards

Après l’excellent Monsters, Gareth Edwards était attendu au tournant pour son second film. Allait-il réussir à supporter le choc budgétaire ? (Nous parlons quand même d’une augmentation de 159,5 millions de dollars.) Allait-il résister à l’énorme machine hollywoodienne pour imprimer sa marque personnelle sur le monstre ? Surtout, allait-il faire un bon film ?

Godzilla 1

Pour la dernière question : putain oui. J’ai kiffé ma race, comme ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. J’ai vraiment passé un excellent moment au cinéma. Sauf que les zigotos qui m’ont accompagné n’étaient, eux, pas contents, trouvant que ceci ou cela. Je me suis donc posé la question : n’avais-je pas été aveuglé par le coté spectaculaire ? Serions-nous en présence d’un second Man of Steel ?
Il fallait que j’en aie le cœur net, aussi suis-je retourné au cinéma voir Godzilla une seconde fois. Et ben vous savez quoi ? J’ai encore plus kiffé au second visionnage.

Donc, que dire plus en détail (sans spoiler) ? Commençons par ce qui ne va pas, le gros défaut de Godzilla : le coté film catastrophe gnangnan qui cherche à nous tirer une larme. Et vas-y qu’Aaron Taylor-Johnson a une famille qu’il doit sauver, et que lors de l’attaque du métro aérien sur Hawaï il se retrouve avec un gamin sur les bras…
On s’en tape ! Mais complètement. D’ailleurs, le film fait tellement peu d’efforts pour nous émouvoir que je suis persuadé que Gareth Edwards s’en moque également, mais que cet aspect lui a été imposé par les studios. Mais bon, ça représente au maximum une petite demi-heure du film, donc pas de quoi gâcher la projection. D’ailleurs, assez bizarrement, ça m’a plus gêné lors de mon premier visionnage que lors du second.
Il y a aussi tout une sur-présentation du militarisme états-unien qui ne sert à rien – enfin, pas exactement : ça fait des passages classes. Quand les militaires vont contrôler le centre de déchets nucléaire dans le Nevada, et bien, vu la façon dont la scène se termine, c’est totalement inutile, et même illogique. Mais bon, c’est badass, donc on est content quand même. Enfin, c’est badass pour cette scène, mais pour d’autres (« MEDIIIIIIIIIIIIIC »), c’est surtout du parasitage. Et puis le coup des pompiers aussi (à la centrale nucléaire japonaise), à quoi servent-ils ?
Trois autres points négatifs, mais totalement secondaires : la première fois que le scientifique japonais prononce le nom de Godzilla, il le prononce à la japonaise, avec une intonation particulière…ce qui est un peu ridicule, il faut le dire ; quand les militaires sortent le nom de code pour la première fois, et bien, ça m’a fait éclater de rire ; la référence à Hiroshima, si elle se justifie compte tenu de l’histoire du personnage de Godzilla dans la culture japonaise, arrive avec de gros sabots et ne sert à rien.

Godzilla 3

Si Gareth Edwards se moque de ses personnages comme de sa dernière chemise, il aime par contre profondément ses monstres gigantesques. Et il réussit le challenge de faire de Godzilla son personnage principal… en ne le montrant que très peu. Alors ce n’est pas Cloverfield, qui avait réussi un quasi-sans-faute en la matière : on voit le monstre, ne vous y trompez pas. Mais on le voit depuis des yeux d’humains, au ras du sol (ou au ras de la télévision). On en voit des morceaux, ses pattes, sa queue, on le voit parfois depuis un hélicoptère, mais on ne le voit quasiment jamais entièrement. Même quand des plans nous présentent le monstre en vue objective, il est trop gros pour tenir dans le cadre et doit être présenté par morceau (sauf, il me semble, à deux ou trois occasions).
Godzilla est trop gros, trop grand, pour être représenté en entier, il est un dieu que nous ne pouvons appréhender dans sa totalité.

Godzilla 4
Il y avait à peu près le même parti-pris pour Monsters, mais ça s’expliquait au moins en partie par les limitations de budget ; là, c’est uniquement un parti-pris artistique, ce qui n’empêche pas de créer une identité commune aux deux films.
La première apparition du monstre est splendide à ce niveau. L’arrivée de Godzilla provoque un raz-de-marée ; après quelques secondes où on suit une petite fille que son père essaie de sauver et un chien qui s’enfuit (rassurez-vous, comme tout le monde s’en fout de ce qui leur arrive, on ne vous fera pas chier avec plus longtemps), la caméra monte le long d’un immeuble. La ville est plongée dans le noir, mais on distingue plus ou moins les effets du raz-de-marée. Le silence est quasi-total. La caméra suit une rue noyée, monte un immeuble, et, dans la pénombre, quatre soldats tirent des fusées éclairantes. La caméra suit ces fusées, seules sources de bruit et de lumières de la scène. Et, en redescendant, les fusées laissent deviner une masse, immense…

Rha, c’est grandiose !

Je pourrai aussi vous parler de la scène du pont de San Francisco, qui est vraiment excellente. La scène est vue depuis le point de vue d’un bus rempli d’enfants. Bon sang, Gareth Edwards se moque de ses personnages, mais quand il décide de nous mettre au ras du sol, c’est quelque chose. Alors même que l’on n’a pas la moindre empathie pour aucun des personnages, il réussit à nous faire ressentir leur peur. Chapeau l’artiste.
Et je ne vous parle pas de la scène du saut en parachute, diffusée presque intégralement dans la première bande-annonce, qui est absolument magnifique.

Avant que j’oublie, il faut que je vous reparle de la caméra. Gareth Edwards adore jouer avec sa caméra. Il la fait se balader, mais (presque) toujours à hauteur d’homme. Il la fait passer derrière des vitres, dans des voitures, dans un masque à gaz, nous montre son objet via un rétroviseur. Ca donne un aspect particulièrement vivant à la scène, et ça renforce la 3D.
Et la 3D, parlons-en. Elle est très bien la 3D. Pas du niveau de T.S. Spivet, bien sûr, mais malgré tout très honorable. J’ai remarqué que, à plusieurs moments du film, Gareth Edwards se servait de vitre pour créer plusieurs plans au sein de l’image : premier plan, le personnage que nous suivons, vu de dos ; deuxième plan, la vitre, le reflet du personnage ; troisième plan, la scène catastrophique.
Je suis peut-être atteint d’un Alzheimer précoce, mais je n’ai pas le souvenir d’avoir vu cette utilisation des vitres et des reflets dans un autre film, ou en tout cas, pas comme ça.

Pour en finir sur la caméra, à de nombreux moments, quand ça commence à avoiner sévère, Gareth Edwards interrompt sa séquence, et la reprend… via une télévision branchée sur une scène d’information. Le plus drôle étant quand ladite télévision est située à l’endroit où se trouve le monstre, et que la télévision diffusant les images est écrasée par la bête elle-même. En tout cas, c’est très bien foutu, très efficace, et là encore on avait quelque chose de similaire dans Monsters.

Que dire d’autre avant de passer aux spoilers ? La musique est très correcte. Elle ne révolutionne rien du tout, mais elle remplit largement son office. Le jeu d’acteur de Godzilla est excellent, mais celui des autres personnages est plutôt fade. Plus sérieusement, Brian Cranston parvient à tirer son épingle du jeu, Ken Watanabe est parfait dans son rôle de scientifique japonais, mais Aaron Taylor-Johnson n’a pas encore l’envergure pour porter un film entier sur ses (très larges) épaules.

- Papa ! Papa ! Je crois que ce monstre est meilleur acteur que moi ! - Ta gueule mon fils.

– Papa ! Papa ! Je crois que ce monstre est meilleur acteur que moi !
– Ta gueule mon fils.

Mais passons maintenant à la partie avec spoilers.

Monsters – Gareth Edwards

Monsters 1

Monsters est un film indépendant britannique de science-fiction, sortit en 2010 et réalisé par Gareth Edwards. Avec un budget de « seulement » 500 000 dollars, il en a rapporté plus de 4 millions, a remporté plusieurs prix, et a fait connaître son réalisateur au point que celui-ci est le réalisateur du prochain Godzilla (budget de 160 millions de dollars d’après Wikipedia). Ledit Godzilla sortant prochainement, je me suis dit que c’était l’occasion de vous parler du premier film de Gareth Edwards.Monsters 7

Six ans avant le début du film, une sonde, envoyée par la NASA pour collecter des échantillons de vie extraterrestres, a explosée au dessus du Mexique alors qu’elle rentrait dans l’atmosphère. Les échantillons ont permis à des formes de vies extraterrestres d’éclore dans cette région et des monstres gigantesques aux couleurs chatoyantes sont apparus. Le nord du Mexique a été placé en quarantaine et, tous les ans, les armées américaines et mexicaines tentent d’empêcher les monstres de migrer et de dévaster tout sur leur passage.Monsters 2
Andrew Kaulder est un photographe américain, qui tente désespérément de photographier un de ces monstres vivants, mais qui n’arrive généralement qu’à voir leurs cadavres. Son patron lui demande un jour d’escorter sa fille Samatha aux Etats-Unis, avant qu’elle ne soit bloquée en Amérique du Sud pendant six mois pour cause de bouclage de la région par l’armée. Ayant raté le dernier ferry, Andrew et Samantha vont s’engager dans une traversée par voie terrestre de la zone de quarantaine.Monsters 3

C’est beau. C’est intelligent. C’est relativement court (une heure et demi), ce qui est très appréciable par ces temps où les réalisateurs font tout leur possible pour étirer leurs films un maximum (ce qui est franchement bizarre d’ailleurs, dans la mesure où ça veut dire moins de séances, et donc moins d’argent). Les acteurs livrent une prestation plus qu’honnête. La vie dans ce Mexique sous protectorat américain, vivant sous la menace permanente des monstres, est extrêmement bien faite.10

Alors certes, on ne peut pas dire que l’évolution des personnages principaux soit surprenante, ni que leur situation de départ, coincés dans une vie qu’ils n’aiment pas, brille par son originalité. Quand au sous-texte politique du film, ce n’est pas franchement ma tasse de thé.Monsters 6
Mais vous savez quoi ? On s’en tape.

Mince, regardez ces décors magnifiques, largement naturels – plusieurs scènes d’extérieures ont d’ailleurs été tournées sans autorisation faute de budget, ce qui est quand même sacrément rigolo. Regardez ces acteurs qui, à l’exception des deux personnages principaux, sont à peu près tous des amateurs recrutés sur place dans des conditions douteuses.Monsters 5
Et les monstres ? Et bien, c’est un peu comme les militaires américains au final : on ne les verra que très peu. Et c’est tant mieux.
Bref, que du bonheur.

A voir et à revoir, avec plaisir.

A noter qu’une suite est en préparation, Monsters: Dark Continent, se passant semble-t-il au Moyen-Orient. Je suis assez sceptique (on sent le nanar à la Starship Troopers 2), mais on ne sait jamais…

Godzilla

Waou ! Regardez-moi cette bande-annonce. Sérieusement, regardez cette merveille. Waou !

Quand la première bande-annonce du nouveau Godzilla est sortit, ma réaction a été en gros un : « qu’est-ce que c’est que ce machin ? ».
Et puis, je l’ai revu un certain nombre de fois. Et j’ai remarqué l’esthétique, franchement superbe, du saut en parachute. J’ai remarqué que, justement, cette bande-annonce ne montrait quasiment rien.
Bref… Ca faisait envie.

Et puis la nouvelle est arrivée. Franchement, elle ne vend pas du rêve ? Ca a l’air bon. Très bon. Rien que cette bande-annonce renvoi d’office Roland Emmerich aux poubelles de l’histoire du cinéma.
Et en plus vous savez quoi ? C’est réalisé par Gareth Edwards. Oui, LE Gareth Edwards, ce génie à qui on doit cette merveille de Monsters.

Bref, que du bon en perspective… ce qui est particulièrement inquiétant. Car on n’est jamais autant déçu que quand on a des attentes. Mais bon, wait and see…